Urban shifting s’inscrit dans une série de trois micros projets urbain in-situ où il est question d’interroger la double articulation dissimulation – contamination. Les sites sont analysés en terme de « couleur moyenne » ou de motifs qui sont propres à la constitution de mapping directement applicables dans le réel. Le bâtiment, son motif (pattern), sa couleur moyenne sont compris comme embrayeurs d’une situation plastique, sociale et sculptable (il s’agit toujours de travailler sur un tissu social déjà constitué sur lequel nous appliquons une modification).
Notre projet consiste alors en une transposition physique d’une composante urbaine hors du continuum de la réalité – condition de l’image artistique – par isolation ou sélection [ select / copy / paste ] : cadrage photographique, marquage par utilisation de techniques existantes (adhésifs publicitaires par exemple) , ressemblance, substitution… L’ objet dé-contextualisé est à son tour empreinte et matrice d’une action potentielle : un feed-back.
Ces micros projets prennent pour appui trois édifices situés à Nantes. Ces sites sont répartis dans une zone linéaire allant de l’ex-zone portuaire au centre ville : une tour de bureaux, un bâtiment hospitalier, un bunker. Ces éléments urbains ont été sélectionnés (data : éléments urbains forts dans le catalogue urbain de la ville de Nantes). Les actions – constructions temporaires et marquages urbains – orientent clairement le projet vers l’idée de déplacement, de dé-contextualisation d’une ou plusieurs composantes du réel devenant projet et formes indexées. Les éléments urbains traités glissent vers le signe de « totem urbain » et renvoient également à d’autres signes, comme dans une chambre d’écho : les interventions graphiques minimum de dissimulation dans la ville engendrent une série de produits dérivés comme amplification urbaine. Il s’agit là de la production de mobiliers et dispositifs dérivés du marquage transcris à une autre échelle ; des formes indexées qui contaminent l’urbain. A travers la double articulation territoire/signe les interventions ajoutent un calque supplémentaire de lecture sensible de la ville. Il s’agit de l’amplification d’un phénomène (à l’image d’une amplification d’un souffle) faisant apparaître de multiple échelles, temps et textures. Les produits dérivés urbains intègrent dans Urban shifting l’idée de structure d’accueil et de collaboration comme d’une composante du projet.
Le produit dérivé est compris comme interface entre réalité sociale / territoire / relationnel, et la fabrication d’un modèle abstrait de contamination : le produit dérivé – comme «image reflétée» – est un espace concret de production et embrayeur d’actions potentielles.
1- NORD(TH) :
Marquage urbain et travail de signalétique, Nord(th) se décompose en 2 temps : application de la teinte moyenne de l’humus sur la partie nord des candélabres aluminium (Edition d’une peinture et d’un «kit» outil de marquage) / Nord(th) sur la tour de Bretagne interroge la ville à une échelle XXL. Objet emblématique, signal géographique, totem urbain, la tour de Bretagne rayonne au centre et se diffuse aux 4 points cardinaux.
2- PATTERN :
Ré-appropriation des motifs (pattern) de façade d’un édifice à travers le bouclage (loop) de la modénature perçue comme simple bloc (entité) graphique et contenant la composante d’un complexe indiciel possible. Le projet intègre le prélèvement, la dé-contextualisation, la transformation de la matière et sa recontextualisation sur un autre élément urbain intégrant déjà le social : les transports urbains. Mapping sur le tramway : technique des adhésifs publicitaires.
3- P.A.P (PRÊT À PEINDRE) :
L’action se situe autour d’un bunker de la dernière guerre mondiale, recouvert par une épaisseur de panneaux publicitaires. C’est le bâtiment lui même qui est pris pour message à projeter : capturer la présence du bâtiment, trouver des stratégies et des combinatoires d’hybridation avec la ville qui intègrent la reproduction d’une composante du bâtiment (signe vidé) sur d’autres supports (complexe indiciel). Il s’agit dans ce projet d’élaborer, comme pour nord(th), la définition d’une teinte moyenne du bâtiment.