Exposition réalisée grâce à la DRAC des Pays de la Loire, la Région des Pays de la Loire, l’ensa Nantes, le Voyage à Nantes, et la SAMOA
Une boîte à chaussures Adidas se transforme en une salle de sport, le ghost d’une alvéole du blockhaus DY10, la trame renversée d’un faux-plafond industriel, celle paysagère d’un agencement de tables réalisant une topographie… Autant de « formes indexées » qui montrent comment BLOCK vise en premier lieu la révélation d’une poétique particulière de l’espace sensible.
Transposant ou adoptant les catégories opératoires de la culture pop – imagerie, copie, déplacement, décontextualisation de signes et de formes issus du contexte – BLOCK utilise ce système de figuration comme outil de conception architecturale.
« Block – Formes Indexées » souligne le caractère poétique et parfois ambigu des réalisations des trois architectes pendant ces dix-huit dernières années. Elle laisse supposer les engagements philosophiques, sociaux et urbanistiques, matériels et immatériels, à l’œuvre dans le penser et le faire de ce groupe de travail.
La galerie Loire de l’école d’architecture de Nantes est le lieu qui a été choisi pour présenter cette rétrospective, à la fois comme symbole de l’enseignement d’une discipline exigeante mais également comme lieu de découverte et d’expérimentation, lieu d’émancipation et d’émergence des formes architecturales de demain.
Sur une proposition de l’association – HAUS et une invitation de l’ensa Nantes.
L’école d’architecture de Nantes, signée Lacaton et Vassal, propose un ready-made architectural : « Ceci n’est pas un parking », mais une somme de planchers, de rampes et de poteaux-poutres assemblés. L’architecture est ici manifeste, elle détourne la forme du parking et propose du volume à géométrie variable : des ateliers, des classes et amphithéâtre… La rampe permet l’accès à la terrasse pour y exposer des maquettes à l’échelle 1.
À la demande du Voyage à Nantes de faire un signal sur le toit de l’école, la proposition de BLOCK Architectes répond à Lacaton et Vassal : « Ceci n’est pas une enseigne » .
L’installation se joue du toit comme espace de stationnement en attente de voiture. L’ajout de la caravane comme habitat minimum rejoint le thème des micro-architectures. L’objet voiture-caravane recule, recule, et invite au voyage en apesanteur. L’objet appelle les regards curieux. Il est lissé, « tuné » et gommé des signes inutiles. Le covering finit d’animer l’objet : la caravane devient phosphorescente…devient enseigne.
« Altère » interroge à travers le champs sculptural, le rapport du corps à la masse. Le projet consiste à produire une haltère de compétition utra-légère et monochrome en fibre synthétique. Elle implique un exercice d’altération de la perception. Cette reconstruction participe à l’inversion de l’objet en tant que signe, tout en interrogeant le rapport du sport à la technologie. En s’éloignant de tout caractère normatif, ce « ready-made augmenté », cet « objet trouvé ré-agencé », ménage l’altérité propice au jeu, à la dérision et à la critique.
Les règles : Le même poids pour les femmes, les enfants et les hommes ; toute la démocratie et ces injustices réunies en seul un jeu.
Les haltérophiles exécutent deux types de mouvements différents avec un bras ou deux : l’arraché et l’épaulé-jeté.
– À l’arracher, ils soulèvent la barre au-dessus de leur tête bras tendus en un seul mouvement ;
– L’épaulé-jeté, ils soulèvent la barre jusqu’aux épaules, se redressent, puis jettent la barre à hauteur de bras au-dessus de leur tête.
Les haltérophiles disposent de trois tentatives pour chaque mouvement et les points de leur meilleur arraché et de leur meilleur épaulé-jeté sont additionnés afin de déterminer les vainqueurs.
« Parcourant l’Île de Nantes, nous nous sommes imprégnés des formes post-industrielles qui ponctuent ce territoire, fonctionnant comme des marqueurs : la Grue Titan et sa couleur jaune caractéristique nous ont ramenés vers l’esthétique moderniste et le Bauhaus. Nous voulions explorer l’interface entre l’espace du Showroom CIVEL, l’histoire de l’art et du design, la Loire toute proche et le paysage de l’Ile. Notre proposition interroge ces liens en réaction au contexte. »
BLOCK s’ingénie alors à faire dériver les objets : la modification apportée sur la façade à la signalétique du Showroom (le L de CIVEL, forme rectangulaire devenue jaune « Titan » pour le projet) entre en résonance avec l’installation d’un objet flottant sur la Loire, dans l’axe de la rue La Noue Bras de Fer. Cette plateforme étrange, sorte d’enseigne déterritorialisée sur l’eau, s’ouvre sur une polysémie référentielle qui questionne les notions d’usage et de signe : c’est à la fois un pixel dans le paysage, un îlot géométrique et monochrome (jaune « Titan » lui aussi), un objet autonome abstrait positionné perpendiculairement au courant, comme une fiction stable dans le réel perpétuellement mouvant du fleuve. Un trou dans l’espace-temps.
En prolongement de cette réflexion, BLOCK réalise un film, projeté à l’intérieur du Showroom, où l’objet flottant traverse le cadre de l’image tournée en plan rapproché sur la surface de l’eau : un curieux ballet nautique, entre apparition et disparition, matérialité et immatérialité.
Deux autres interventions développent cette pensée de la dérivation et de l’intégration dans le contexte mobilier et design. Au sol du Showroom CIVEL, un objet se déploie en deux modules sculpturaux : « A partir du motif de la bouée reliée à son corps-mort, nous avons simplifié au maximum les formes, dans un principe de lissage propre à l’histoire du design contemporain. Il en résulte deux volumes en tôle soudée : un premier losange en 3D, très incliné en porte-à-faux, laqué du jaune brillant de la Grue Titan ; un second parallélépipède à l’équilibre plus stable, noir et mat ; entre les deux, un câble et une prise jack, une manière d’insérer une référence énigmatique au son. Nous voulions un objet qui puisse glisser entre plusieurs statuts, qui ne soit pas vraiment de la hauteur d’une table ou d’un siège mais qui pourtant évoque ce type de référents, et qui rappelle aussi notre plateforme installée à l’extérieur. » En démultipliant ses fonctionnalités potentielles (lest, équipement hi-fi, assise, monolythe minimal ?), BLOCK renouvelle l’approche de l’objet sans jamais écarter l’équivoque de sa nature, tant pragmatique que symbolique. Décliné plus loin dans une version liquide, le Pixel mutant de BLOCK vient araser le bac d’un évier en acier brossé : monochrome jaune animé d’ondes, il est comme la vision matériologique inversée de la plateforme extérieure.
Texte : Eva Prouteau
« Forme intermédiaire » est habitable. Conçu pour Le Lieu Unique, elle est une architecture temporaire qui par le jeu du détournement et de rapports d’échelles modifiés propose deux espaces concrets offrant un jeu d’univers fictionnels. En interrogeant les modes constructifs standards dictés par l’industrie et leur nécessaire transgression, le projet fabrique un espace « sans objet », « non- affecté ». La cour est vidée, rendu libre et séparée horizontalement par une grille, susceptible de s’étendre au de là des limites. L’exposition est l’expérience d’un projet qui agit comme modificateur du lieu et matrice architecturale. Aussi, « Forme intermédiaire » est comme une trame d’événements non programmés intriqués à l’infini, un laboratoire d’expériences perceptives, un dispositifs qu’il convient ou non de s’approprier.
Dans le cadre de l’exposition Mirages, production d’une architecture archétypique fictionnelle, organique et primitive dans sa substance, hi-tech de par sa conception
Dôme de rayon 2.8m, 84 polygones, latex naturel biodégradable tendu sur un ossature en résine fibre de verre
Artistes et architectes invités : Florence Doléac, Bruno Peinado, Frédéric Pradeau , Didier Faustino, Vincent Kohler, Eric Jourdan, Stephane Sautour, Atelier van Lieshout, Pierre-Laurent Cassière, Nicolas Moulin et Pierre Charpin
Le BLOCK BANKS est l’image contemporaine du banc. Il fait référence à la réinterprétation qu’en ont eue les skateurs : les banks. C’est un travail sur les qualités du mélange polyéthylène-aluminium, le MIKS, son apparence et ses propriétés plastiques.
Les BLOCK BANKS consistent en l’addition de plusieurs modules moulés. A l’image du MIKS, c’est un banc plastique, s’adaptant à la topographie des lieux. La matière est laissée brute afin de la mettre en valeur.
Le dispositif consiste en une hybridation de la matière (miroirs, tapis de danse) et de l’identité sonore du lieu avec un espace de diffusion. Il est construit sur la base des matériaux présents et tend vers l’idée d’une saturation spatiale.
Notre intervention est la construction d’une architecture temporaire :
L’espace est constitué par l’installation de deux enceintes de diffusion, un ampli et des supports. Chaque face est habillée de verre-miroir.
La diffusion de sons d’impact à dominante de percussion analogue au son produit par le pied sur le sol du lieu. La bande sonore oscille entre un assemblage minimal de sons de percussions complexes allant jusqu’à la saturation et des moments réglés se référant à des trames techno.
De façon programmée, un rectangle de lumière forme l’espace d’un « dance-floor ».
Deux miroirs sont disposés face aux éléments déjà existants de façon à dupliquer l’espace à la manière d’un « delay ».
Le dispositif spécule sur la production de formes architecturales, modificatrices et créatrices d’environnements spécifiques, embrayeurs de territoire.
La production de la forme s’articule sur l’idée générale de l’empreinte et de la matrice. Le médium « son » est entendu comme proto-forme architecturale. Il n’y a pas d’analogie formelle entre le sonore et une forme architecturale déduite. Le son, retransmit et transformé, est compris comme déclencheur et modificateur d’espace à un niveau social et phénoménal : Quelle forme territoriale et relationnelle se cristallisent au contact d’un agencement musical et sonore donné ?
Forme 0 : matière brute primitive et sonore / Première étape qui consiste en l’échantillonnage des sons du trafic routier extérieur au lieu.
Forme 1 : digitalisation et recyclage / Le projet relève des mécanismes de la perception. Il est une tentative de construire une architecture sur la base de sons prélevés et compris comme modificateurs, forme indexée du paysage sonore proche. Recyclés, bouclés, ils sont rediffusés à l’intérieur du bunker. Le dispositif est celui d’une simple amplification : le phénomène sonore prend le pas sur le caractère phénoménal du bunker, sur son épaisseur. Le projet peut se comprendre comme une tentative concrète de réduction de l’épaisseur des murs.
Forme 2 : transcription et hybridation / Le projet consiste en une hybridation. Il est question de la construction d’une architecture temporaire alimentée par le prélèvement et le retraitement du son et par cette forme relationnelle qu’est le clubbing : réaliser une forme intégrant la double articulation forme sonore prélevée et forme d’usage. Ce dispositif 2 – matière extraite du trafic routier / forme relationnelle du dance-floor – spécule sur la production de formes architecturales en tant que modificatrices et créatrices d’environnements spécifiques embrayeurs de territoire. Une strate de projet qui consiste à révéler l’appropriation des formes et leur réécriture. Le son précédemment prélevé du trafic est lissé par encodage des sons bruts au protocole M.I.D.I. (musical instrument digital interface : protocole de communication informatique, englobant matériel et logiciel, dont l’objet est d’assurer le transfert standardisé d’informations essentiellement musicales) puis diffusé après avoir été reconstruit sous une forme « pop ». Une cellule du bunker est installée en dance-floor et lieu d’écoute. L’agencement reprend une des formes d’usage social intrinsèque à ce lieu, il en capture les signes et les fait glisser vers un complexe architectural.